Jusqu’alors étudiée dans le cadre de la lutte contre le diabète et l’obésité, l’apeline, une protéine produite par les cellules graisseuses (mais aussi les cellules musculaires !) de notre corps, permettrait de prévenir la faiblesse musculaire liée à l’âge, et même de restaurer l’autonomie des personnes touchées par cette faiblesse !
L’apeline, késako ?
Vous connaissez l’insuline, cette hormone sécrétée par le pancréas et qui permet au glucose d’être utilisé par le corps (et dont la sécrétion est altérée chez les diabétiques) ? L’apeline, c’est plus ou moins sa petite cousine !
En 2008, une équipe de chercheurs de l’université de Toulouse découvre que l’apeline pourrait, en cas de nécessité, remplacer l’insuline et ainsi réguler le taux de sucre dans le sang. L’apeline ne fonctionne cependant pas exactement comme l’insuline : au lieu d’agir sur les cellules du foie, elle agit sur les cellules musculaires ! En s’y fixant, elle active les mitochondries des cellules musculaires, les usines à énergie de ces cellules, qui en contrepartie consommeront plus rapidement sucres et graisses – contribuant ainsi à la régulation du taux de sucre dans le sang !
Du diabète aux retraités ?
Mais comment on en est arrivés à se demander si l’apeline ne rendrait pas service à nos petits vieux ? Une fois qu’on a commencé à se rendre compte que l’apeline pouvait booster les mitochondries, on a mis 2 et 2 ensemble… En effet, on sait que la faiblesse musculaire liée à l’âge est causée par un dysfonctionnement du système de fabrication des fibres musculaires. Et devinez l’élément essentiel de ce système de fabrication… La mitochondrie !
Bam !
Avec l’âge, elles fournissent moins d’énergie et moins de protéines au système, et à l’inverse, plus d’oxydants. Résultats, le système se grippe un peu, et nos muscles deviennent plus faibles !
C’est la que re-rentrent en jeu nos chercheurs toulousains !
Leur molécule capable de filer la patate aux mitochondries pour l’énergie, est-ce que par hasard, ça pourrait pas aider ?
La sarcopénie, maladie des muscles vieux
Les muscles qui s’affaiblissent en vieillissant, en causant une perte de masse musculaire et de performance physique, c’est un syndrome gériatrique qui a un nom : la sarcopénie. C’est la principale cause de perte d’autonomie chez les personnes âgées.
Et notre apeline là-dedans ?
D’abord, entre 2008 et 2018, on s’est rendus compte que l’apeline n’était pas qu’une adipokine (produite dans les cellules graisseuses) mais aussi une myokine (produite dans les cellules musculaires). Alléluiah, cela veut donc dire que le muscle lui même est capable de produire cette protéine magique qui l’auto-booste !
Alors pourquoi en vieillissant ça marche moins bien ?
Parce qu’en réalité, c’est l’exercice musculaire qui stimule la production d’apeline. En d’autre termes, quand on sera vieux, si on croûte dans notre fauteuil, nos muscles produiront moins d’apeline, et ils s’affaibliront. Vous allez me dire « normal, si on bouge pas, on perd du muscle », mais dans ce cas là, c’est pas juste qu’on en perd, c’est que, sans apeline, la qualité de ce qui nous reste n’est pas maintenue non plus !
L’apeline permettrait même de régénérer les cellules musculaires en ciblant les cellules souches des muscles !
La conclusion est simple : il faut bouger ! L’exercice physique régulier, et la production régulière d’apeline permet donc de lutter contre la sarcopénie naturellement. Dans un avenir proche, l’apeline pourrait être utilisée à la fois comme un marqueur permettant de diagnostiquer la sarcopénie, mais également comme la base d’une thérapie médicale visant à restaurer l’autonomie des personnes âgées !