« Ils t’embêtent juste un peu, c’est pas vraiment du harcèlement »
Remettons les pendules à l’heure pour commencer. Le harcèlement, voilà ce que c’est : Des agressions directes (physiques) ou indirectes (verbales et/ou mentales) intentionnelles et répétées sur un individu par un/des pair(s), caractérisées par une inégalité de pouvoir. Définition simple, et qui marche pour le harcèlement scolaire, et pour le harcèlement tout court aussi d’ailleurs !
Bien, maintenant qu’on est d’accord là-dessus…
Saviez vous que sur la planète, environ 13% des enfants entre 11 et 15 ans sont victimes de harcèlement scolaire ? Statistiquement, dans une classe de 28 enfants, ça fait au moins 3 enfants victimes de harcèlement à l’école.
Oui, c’est énorme.
Et oui, sûrement que vous ne pensiez pas que c’était autant… (et si vous ne nous croyez pas, les chiffres viennent de là)
La recherche sur le harcèlement ? On fait ça comment ?
Des chercheurs de l’University College de Londres ont décidé cette année, de rassembler les informations contenues dans la littérature scientifique sur le harcèlement scolaire et d’en sortir des informations sur les conséquences à court et long terme sur les victimes.
Un dernier petit point de vocabulaire qui pourrait vous servir si vous décidez de lire l’article dans son intégralité, on y parle d’observations quasi-expérimentales. Un dispositif quasi expérimental, très utilisé en sciences sociales et en psychologie, ressemble à s’y méprendre à un dispositif expérimental (on a des sujets, des conditions, des observations mesurées), sauf qu’il n’inclut pas de groupe de contrôle ou de sélection des individus au hasard. Pour faire de l’expérimental « pas quasi », il aurait fallu enfermer des élèves dans un faux lycée et choisir aléatoirement lesquels on va décider de harceler (et comment !) pendant qu’on aura un groupe de « non harcelés » qui vivra tranquillement dans les mêmes conditions pour comparer – vous comprenez qu’on s’en tienne au quasi expérimental… Pour leur étude, nos chercheurs londoniens ont donc assemblé, comparé, classé et trié des centaines d’observations de terrain sur les effets du harcèlement scolaire.
Quelles conséquences, et quand ?
La liste des conséquences observées sur les adolescents en situation de harcèlement au travers des différentes études est édifiante : stress, anxiété, hyperactivité, relations familiales dégradées, paranoïa, violence, délinquance, usage de drogue, port d’arme…
A court terme, les victimes souffrent principalement de troubles d’internalisation (affectant le « soi » : dépression, anxiété) et d’externalisation (impactant les autres : violence, troubles de l’attention), avec un impact direct sur leur performance académique.
Cependant, à long terme, les chercheurs mettent en avant la grande résilience des victimes de harcèlement. En d’autres termes, les effets adverses du harcèlement scolaire diminuent avec le temps. C’est particulièrement vrai pour les symptômes d’internalisation (comportements dépressifs, crises d’anxiété).
Que faire ?
Dans cette étude, les chercheurs mettent en avant un chiffre intéressant : au Royaume-Uni, à l’âge de 14 ans, 24% des filles et 9% des garçons souffrent de dépression, qu’ils soient victimes de harcèlement ou non. Ils insistent donc sur le fait que, même si les efforts de prévention parvenaient à complètement éradiquer le phénomène de harcèlement scolaire, les effets sur la santé mentale des adolescents pourraient ne pas être spectaculaires.
En revanche, il est crucial d’intervenir et d’éduquer parents et enfants sur les vulnérabilités de chacun, et de mettre l’accent sur la résilience, et la capacité de chacun à surmonter les difficultés personnelles qui pourraient se présenter, et pas seulement dans un contexte de harcèlement scolaire.
Des ados conscients de leurs vulnérabilités et sensibles à celles des autres, et qui ont confiance en ce qu’ils peuvent accomplir, ça fera des ados bien dans leurs baskets !
Finalement, ces cours d’empathie à l’école, c’est peut-être pas une bête idée, non ?