Depuis qu’on a commencé à explorer l’espace, on s’est sûrement tout imaginé…
De l’intelligence artificielle des vaisseaux spatiaux qui vrille façon 2001, Odyssée de l’espace, aux astronautes abandonnés sur une planète ou dans un vaisseau spatial, comme dans Seul sur Mars ou Gravity, on a pensé à tout. Mais surtout, ce qui semble nous faire bien flipper, c’est les astronautes qui nous ramènent des trucs pas clairs dont le seul objectif est d’annihiler l’humanité soit par infection (Rampage en est un excellent exemple, probablement digne d’un Oscar ou deux…) soit en nous bouffant carrément façon Life…
Bref, les bebêtes de l’espace, ça nus intrigue et ça nous fout les jetons.
Et nos propres bactéries, alors ?
Et bien justement. Ramener des trucs chelou de l’espace, ça nous tracasse. Mais quid de ce qu’on y amène nous ? Qu’est-ce qui arrive aux millions de bactéries qu’on trimballe sur et à l’intérieur de notre corps dans l’espace ?
Bien évidemment, tout bon scénariste vous dira qu’il y a des chances qu’elles changent complètement pour muter et devenir d’immondes créatures en quête d’un hôte pour se reproduire et envahir la terre (je regarde trop X-files vous croyez ? Oui, les vieux épisodes…Non ça ne vieillit pas mal, c’est faux !).
Des scientifiques se sont bien entendu intéressés à la question. Il est évident que l’hypothèse de départ n’était pas que les bactéries devenaient nécessairement d’horribles trucs mutants ! Non, ils ont plutôt cherché à savoir comment elles réagissaient, et si, pour les bactéries infectieuses, elles devenaient plus virulentes, ou plus résistantes.
Et c’est une équipe de chercheurs de l’université américaine de Northwestern qui s’y est collée, avec un peu d’aide de la NASA, of course !
Tous à bord de l’ISS ! #AmèneTesBactéries
En réalité, le but de l’opération n’était pas simplement de savoir ce qui arrivait aux bactéries dans l’espace, mais surtout de savoir ce qui arrive aux bactéries dans un milieu « humanisé » et construit – à l’intérieur d’un bâtiment, d’un hôpital ou dans votre cuisine – comparé à ce qui leur arrive à l’intérieur de notre corps ou dans les sols. Et s’ils ont choisi l’ISS (la Station Spatiale Internationale) c’est également parce que c’est un modèle de construction humaine et que les conditions y sont contrôlées. Si on arrive à mieux comprendre les mécanismes d’évolution des bactéries qui prolifèrent discrètement dans nos maisons et nos hôpitaux, on saura sûrement mieux comment lutter contre certaines infections.
Pour savoir ce qui se passe dans nos bactéries, notre équipe de chercheurs a utilisé une technique appelée pangénomique. Le pangénome, c’est l’intégralité des gènes dans une espèce. Dans le cas des bactéries, il inclut toutes les versions des gènes de toutes les souches possibles. En allant chercher toute cette information là, nos chercheurs peuvent avoir une info sur ce qui change entre les bactéries des maisons ou des hôpitaux terriens par rapport aux bactéries ayant évolué dans l’ISS !
Et qu’est-ce qui change alors ?
Les conditions dans l’ISS sont particulières : radiations cosmiques, gravité, un air particulièrement sec et des conditions de ventilation contrôlées. Alors est-ce que ces conditions un peu spéciales ont eu des conséquences un peu spéciales ?
Rassurez-vous, pas tant que ça !
Il semblerait surtout que les communautés bactériennes (on parle ici surtout de Bacillus cereus et de Staphylococcus aureus, le bon vieux staphylocoque doré !) s’adaptent en fonction de leur environnement, et s’y tiennent. Nos chercheurs ont bien repéré quelques éléments génétiques propres aux souches de l’ISS, mais ayant surtout un rôle de réponse au stress. Les éléments codant pour la résistance aux antibiotiques n’étaient pas plus présents dans les souches de l’ISS que dans les souches terriennes. Ouf, nous voilà rassurés !
En bref, oui les bactéries envoyées dans l’espace évoluent d’une manière qui leur est propre, oui elles subissent des mutations, mais juste pour survivre les amis, pas pour mieux nous infecter !