Vous avez bien lu. Le jeu!

Dans de nombreuses disciplines scientifiques, on utilise certaines théories basées sur le jeu – un peu à cheval entre les maths et la psychologie – pour mieux comprendre le mécanisme de prise de décision, ou encore prédire l’évolution de certains systèmes.

Un groupe de chercheurs de l’Université de Stony Brook (NY, USA), spécialisés en sciences politiques, économiques et sociales, a ainsi décidé de mettre en place un jeu sur le changement climatique, proposant à des joueurs de choisir différents types d’investissements permettant de lutter contre le changement climatique. Dans ce jeu, les joueurs se trouvaient confrontés à une urgence climatique matérialisée par un seuil financier d’investissement au delà duquel le « désastre climatique » pouvait être évité.

Doté d’un certain budget (fictif, of course !), les joueurs pouvaient décider d’investir leur « argent » afin d’atteindre le seuil d’investissement nécessaire, ou de s’abstenir d’investir afin de conserver leur patrimoine.

Deux types d’investissement étaient proposés : les investissements peu risqués à retour financier limité, ou les investissements risqués mais avec une chance de doubler sa mise de départ.

Concrètement, il ressemblait à quoi ce jeu ?

Le jeu ressemblait à ça :

 

Un certain nombre de parties ont été organisées, en laboratoire comme en ligne, en utilisant différents seuils à atteindre.

Et alors, on investit ou on épargne ?

Et ben justement, tout dépend…

De quoi ? Du seuil à atteindre !

C’est à dire ?

C’est à dire que plus le seuil à atteindre est élevé (donc plus la difficulté de réussir sera grande), plus les joueurs sont prêts à prendre de risques pour y parvenir. En d’autres termes, si le seuil à atteindre pour éviter le « désastre » peut l’être en investissant à faible risque (et donc à faible retour sur investissement), les joueurs font le choix de la sécurité. Mais si le seuil à atteindre ne peut l’être en jouant la sécurité, alors les joueurs font le choix du risque en choisissant des investissement plus risqués mais pouvant rapporter plus gros (alors qu’ils auraient pu choisir de conserver leur patrimoine total en faisant défection et en choisissant de ne pas investir du tout).

Et c’est intéressant parce que… ?

Parce que tout n’est donc pas perdu ! Les joueurs, même sachant que le seuil à atteindre pour réussir à lutter efficacement contre le réchauffement climatique était extrêmement élevé, et donc sachant que la réussite dépendait également d’une prise de risque plus élevée de la part de tous les autres joueurs, ne sont pas tombés dans le piège du « personne ne va risquer son magot, donc on ne pourra pas y arriver, donc moi aussi je conserve mon argent » !

Mais visiblement, l’investissement est à la hauteur de l’ampleur de la tâche, il est donc urgent de démontrer l’urgence !

Aujourd’hui, les citoyens ont tendance à penser que de petits investissements (je trie mes déchets, je passe aux ampoules à LED, j’arrête les coton-tiges et je covoiture une fois par an) seront suffisants pour enrayer le réchauffement climatique, faute d’informations ! En réalité, ce sont des actions de plus grande envergure, et des investissements plus risqués qui permettront de mieux lutter !

Si cela fait déjà bien longtemps que les chercheurs en sont conscients, ne serait-il pas temps de mieux faire passer ce message d’urgence aux citoyens et aux gouvernements ?

 

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